Si seulement les Fondants du Chaudron pouvaient parler

Confortablement installée sur le siège de son compartiment habituel (le deuxième de la quatrième voiture pour être précise), Elya attendait avec impatience le départ du Poudlard Express. Comme chaque année, la londonienne était arrivée bien à l'avance pour avoir le temps de s'installer avant que la masse d'élève ne s'entasse dans les différents compartiments et ce pour le restant de la journée. Elle savait que le calme qui régnait actuellement dans le wagon n'allait être que de courte durée et elle allait profiter de chaque instant qui lui restait encore pour rapidement relire ses notes de défense contre les forces du mal. Pas qu'elle en avait vraiment besoin mais au moins cela ferait passer le temps.

Après tout, elle n'avait donné rendez-vous à personne dans le train et personne ne lui avait donné rendez-vous alors elle ne savait pas qui elle allait devoir supporter jusqu'à la tombée de la nuit. Peut-être allait-elle devoir supporter un groupe de première année pré-Gryffondorien ou alors des filles de sixième année écervelées qui parleraient de leurs amours de vacances et de chaussures pendant toute la durée du voyage, elle n'en savait rien. Elya frissonna rien qu'à l'idée d'être dérangée par de tels individus. Mais espérer être seule était bien stupide.

Comme prévu initialement , elle sortit de son sac une liasse de parchemin soigneusement reliés par un ruban violet et commença sa lecture. Mais étrangement, le cœur n'y était pas. Elle avait envie, pour une fois, que quelqu'un lui tienne compagnie. Même pas quelqu'un qu'elle appréciait, même pas quelqu'un qui arriverait à tenir une conversation censée avec elle, juste avoir de la compagnie. Car, il fallait l'avouer, le voyage qui devait mener tous les élèves à Poudlard était long, très long. Et passer l'entièreté de son temps à lire n'était pas ce que l'on pouvait qualifier d'amusant. De plus, trop peu de gens étaient présent dans les parages et ça la stressait.

Rangeant avec précaution ses notes dans son sac à bandoulière, elle dut user de malice pour retrouver la cachette de ses Fondants du Chaudron, sa friandise sorcière préférée. Tout en en déballant un, elle regarda ce qu'il se passait sur le quai. Il n'était que 9h42 et très peu de famille accompagnait leur enfant à cette heure-là. La plupart des familles, et elle avait remarqué ça après maintes observations les années précédentes, arrivaient souvent en retard. Pourtant, songea-t-elle, les sorciers ont tellement de moyens de se déplacer instantanément qu'être en retard relevait du défi. Il y avait également des élèves assez âgés qui devait très certainement attendre leurs amis avant de monter dans le train.

Soudain, un bruit sourd se fit entendre, arrachant Elya de ses pensées, lui faisant à moitié avaler son Fondant du Chaudron de travers. Avec de grands yeux étonnés, elle regarda la porte du compartiment où seule une valise dépassait, l'air abandonnée. Après quelques secondes d'incompréhension totale, une tête apparu à la vitre de la porte avant qu'elle ne s'ouvre sur une élève qu'elle n'avait jamais vu auparavant (mais après tout, elle n'était pas physionomiste pour une mornille). Fronçant les sourcils, elle questionna l'inconnue:

« Je peux vous aider ? »

C'était bienôt l'heure de partir.

Andromeda aidait encore quelques élèves de première année à monter dans le train et à trouver un compartiment libre. Il était difficile pour la plupart d'entres eux de se séparer de leur famille aussi longtemps et cela devait être la première fois qui était la plus impressionnante. Elle même se rappelait encore très bien des calins et chouinements qu'elle avait faits à sa mère avant de prendre sa valise. Narcissa était encore avec sa maman, n'arrivant pas à décrocher non pas parce qu'elle voulait rester, mais parce que la matriarche ne cessait de faire diverses recommendations à sa petit fille chérie. Elle détourna son regard pour se concenter sur ta tâche qu'elle avait hâte de finir le plus vite possible pour s'installer bien à l'aise sur une banquette moelleuse.

Le premier wagon était finalement plein de première année. On pouvait les entendre saluer leur parent depuis la fenêtre de leur compartiment, agitant leurs petites mains en un dernier au revoir avant les prochaines vacances. Elle aussi salua une dernière fois sa mère de loin avant d'embarquer, faisant signe au pssage à sa petite soeur de monter à bord.

Le premier wagon étant rempli, inutile donc de s'attarder dans le coin pour trouver une place confortable. Elle passa dans l'étroit couloir avec son énorme valise qui faisait un bruit remarquable. Quelques élèves sortirent mais elle les renvoya sèchement dans leur compartiment respectif, menaçant de leur retirer des points avant d'arriver à Poudlard. En fait elle ne voulait pas qu'ils voient la préfète en chef en pleine galère dans le train. De rage, elle sortie sa baguette et lança un sonore "Locomotor Barda". La valise, bien dolice à présent, la suivait comme un petit chien.

Elle arriva dans le deuxième wagon et c'était pas le meilleur, il était réputé accueillir une grande partie des septième année de Poufsouflle. Ni une ni deux, elle traversa sans même prendre la peine de regarder l'intérieur des compartiments. Tout à coup d'un d'entre eux s'ouvrit brusquement et un garçon en sorti tout aussi rapidement. Et boum.
Andromeda tomba à la renverse, les fesses sur son imposante valise. Alors qu'elle allait pesté sur "l'imbécile" qui l'avait faite tomber, une main salvatrice l'aida à se reveler. Au bout, un jeune homme de Poufsouffle avec de magnifiques yeux bleus, un septième année sans aucun doutes. Pour la première fois, elle voulu revoir son jugement sur les membres de cette maison. Mais sans même connaitre son nom, elle s'en alla aussi vite d'un éclair jusqu'à la voiture suivante, gravant son visage dans sa tête et prenant bien garde de ne pas montrer la sienne, rouge comme une pivoine. Elle avait été impressoné sur le coup, c'était mal parti...

La troisième voiture bien trop bruyante n'attira pas son attention plus de dix secondes et puis, elle avait encore en tête ce garçon...
C'est finalement dans la quatrière voiture, ou il n'y avait quasiment personne, qu'elle décida de s'installer. A force de penser au jeune homme, sa magie s'arrêta; plus moyen de réfléchir.

- "Bravo Andromeda..." se dit-elle à voix basse.

Elle poussa sa valise juqu'au deuxième compartiment, ne pouvant aller plus loin, en priant pour qu'il n'y ait aucun Poufsouffle dedans ! Elle reprit son souffle quelque instants et ouvrit la porte. A l'intérieur se trouvait une Serpentard et seule par dessus le marcher, c'était parfait.

- "Je peux vous aider ?" demanda poliment la jeune fille.

- "C'est pas de refus" arriva-t-elle à peine à articuler.

A deux, elles réussirent à mettre la grosse valise sur le porte bagages. Epuisée, Andromeda s'affala sur la banquette en face de sa compagne de voyage sans demander son reste. Consciente de son manque de tact, elle fit tout de même un effort pour la saluer.

- "Merci... et enchantée. Je m'appelle Andromeda." entre deux halètements.

A première vue, la jeune Serpentard ne savait pas qui elle était, il faut dire que la préfète ne se rappelait pas du nom de tout les élèves non plus.

Elya fut surprise et resta un instant clouée sur place, la bouche légèrement entre-ouverte, dans un état d'incompréhension totale. Elle ne s'attendait pas à avoir une réponse aussi directe et désintéressée. Elle avait pourtant pris soin de mettre l'intonation nécessaire pour que sa phrase paraisse agacée, et non qu'elle ressemble à une quelconque proposition d'aide. Mais la londonienne du se rendre à l'évidence: si elle ne se bougeait pas dans la seconde, elle allait paraître impolie et sa bonne éducation refusait toute forme d'impolitesse, de quelque manière que se soit. Jamais elle n'aurait cru qu'elle se retrouverait à aider une élève qui ne lui était pas familière à monter sa valise sur le porte bagages.

Elya se reprit très vite, espérant que son moment de trouble soit passé inaperçu, et se leva tout en déposant son reste de Fondant du Chaudron dans le paquet prévu à cet effet. Elle n'avait jamais eu beaucoup de force mais, avec l'aide de la jeune femme, elle réussit tout de même à placer la malle en hauteur sans que celle-ci ne risque de tomber. Il fallait l'avouer, recevoir tout ce poids sur la tête ne lui aurait guerre plu et elle vérifia même plusieurs fois que celle-ci était bien stable. La jeune fille se rassit alors à sa place initiale, observant l'autre s'asseoir devant elle.

Maintenant qu'elle y regardait de plus prêt, le visage de cette fille lui disait quelque chose. Étant donné que ce n'était pas sa première année à Poudlard, il était bien fort possible qu'elles se soient déjà croisées au détour d'un couloir ou dans la grande salle. Elle se demandait même si elle n'appartenait pas elle aussi à la maison Serpentard mais poser la question directement, et même plus tard dans la conversation, lui paraissant plus qu'inconvenant. Ce n'est que lorsqu'elle prit la parole, haletante, qu'Elya se souvint de qui elle était (le fait qu'elle ait également dit son prénom y était pour beaucoup, il fallait l'avouer). Comment avait-elle pu ne pas reconnaître une préfète de sa propre maison ? De plus, c'était une Black, et donc l'une des membres d'une des plus illustres et influentes familles de sang-pur de toute l'Angleterre. Si elle n'avait pas été accompagnée, elle se serait bien baffée pour se remettre les idées en place. Elle ne pouvait décidément pas se permettre le moindre faut pas, son père ne le lui pardonnerait jamais.

« Mais je t'en prie. » dit Elya en accrochant un léger sourire sur ses lèvres. « Je m'appelle Elya, Elya Sullivan, de troisième année. Ravie de faire ta connaissance Andromeda, bien que nous nous sommes sûrement déjà croisées par le passé. »

Peu habituée à commencer une conversation, elle laissa le soin à la préfète de le faire, si toutefois l'envie lui prenait. Elle ne garderait les Fondants du Chaudron pour plus tard, au cas où il y aurait un blanc dans la conversation. Cependant, ses méninges avaient déjà commencés leur travail, pesant le pour et le contre de chaque sujet, réfléchissant à ce qu'elle pourrait bien dire si un moment d'inconfort survenait.

Elya Sullivan...

Voila un nom qui ne lui parlait pas du tout. Un comble, elle ne se souvenait même pas des noms des personnes de sa propre maison, pour un préfet c'est quelque chose de caucasse.
Elle s'apperçue très vite que la jeune fille assire comme il faut sur la banquette d'en face avait bien plus de tenue qu'elle, encore affalée sur son siège d'avoir porter sa trop lourde valise.
La honte la submergea d'un coup, elle se redressa bien droite et arrêta immédiatement de respirer comme un cerbère, affichant toute la distinction possible en ce moment, c'est à dire très peu, avec les cheveux collés par la sueur et sa robe froisée. Maladroitement, elle se passa la main dans les cheveux, défroissa sa robe le tout avec un sourire bienfaisant sur le visage. Elle ne voulait surtout pas que son autorité de préfète soit remise en cause, en particulier par une élève de sa maison.

A présent un peu plus potable, elle répondit :

- "Oui bien sur... en 3ème année. Nous nous sommes vues en effet"

Mais Andromeda mentait. Elle ne se souvenait absolument pas d'Elya mais qu'importe, lui dire qu'elle ne se souvenait pas de l'élève aurait plus la blesser et puis, elle s'était souvenue de la préfète, un bon point. Elle remarqua sur la banquette juste à côté de sa cadette, plusieursparchemins soignesement disposés et on loin de là quelques friandises. Réviser déjà ? Voila une studieuse enfant. Elle n'arrivait pas à lire ce qui était écrit dessus, domage...
Mais quelqu'un qui étudie aussi profondément ses cours devait être très organisé du moins, c'est qu'elle pensa. Peut être pourrait elle l'encourager ou bien l'aider ? Pas simple, elle ne savait pas du tout comment réagir, mais elle devait redoré son blason coute que coute tout en essayant de se montrer sympathique.

- "Je t'ai dérangé peut être ? Je vois que tu étais occupée..." dit elle en désignant les parchemins déroulés.

Elya leva un sourcil étonné lorsqu'elle vit Andromeda se remettre brutalement droite. Bien sûr, elle avait été surprise, au premier regard, de voir une femme de la noble et très ancienne famille des Black être aussi différente et aussi peu distinguée que les autres membres de la généalogie. Pas qu'elle le lui reprochait, bien au contraire, mais elle avait vraiment été étonnée lorsque la jeune femme lui avait révélé son nom. Lors de ses peu nombreuses escapades au Ministère de la Magie avec son père, la londonienne avait eu l'occasion de croiser deux ou trois membres des Black et tous lui avaient semblé hautains et extrêmement impolis malgré leur belle apparence et leurs belles manières. Andromeda semblait différente. A croire que ce n'était pas dans héréditaire.

La Serpentard fut néanmoins soulagée et son visage se radoucit à l'écoute des paroles de sa collègue de maison. Que la préfète se souvienne d'elle était un point non négligeable, elle n'était donc pas passée inaperçue. Cependant, elle ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose. C'était-elle donc fait remarqué à ce point lors de ses deux premières années ? Ou était-ce simplement Andromeda qui avait une bonne mémoire ?

A la question de la préfète, Elya eut un petit sourire, jetant un coup d'œil à ses parchemins qui sortaient encore à moitié de son sac. Avec un léger signe de main en guise de négation, elle dit:

« Non, ne t'inquiète pas. »

Elle les remis soigneusement à leur place, enroulés les uns à côté des autres verticalement, juste pour la forme, puis s'expliqua:

« Ce ne sont que mes notes de première et deuxième année, rien de bien glorieux. J'ai pris l'habitude d'être un peu en avance pour mes révisions, alors je commence à relire en diagole dès mon arrivée dans le Poudlard Express, ça me permet de mieux m'y retrouver pendant l'année. »

« Et de passer mon temps dans le Poudlard Express » rajouta-t-elle dans sa tête. Puis elle fit une courte pause. A s'entendre, elle se serait cru élève de Serdaigle. Mais après tout, la connaissance n'avait pas de prix et elle savait que si elle ne se prenait pas en main dès la rentrée, ses notes s'entasseraient très vite et qu'elle aurait beaucoup de difficulté à tout retrouver lors de ses examens de fin d'année, voir lors de ses BUSEs. Le simple fait de devoir faire quelque chose à la hâte avait le don de l'angoisser énormément alors elle prenait toutes les mesures nécessaires pour que cela arrive le moins possible.

Décidant de lancer la conversation, elle reprit sur un ton doucereux:

« Mais ça doit paraître beaucoup de travail pour pas grand chose pour quelqu'un de septième année. Les ASPICs approchent, je n'ose pas imaginer le travail que tu vas devoir fournir cette année. »

La conversation commençait à devenir interessante. Ainsi, elle avait devant elle une jeune fille bien studieuse qui cachat habillement son jeu, voila qui n'était pas si surprenant pour une Serpentard de bonne famille, à voir la qualité du parchemin employé. Rare étaient les élèves qui étudeaient dans le Poudlard Express, mis à part quelques Serdaigle particulièrement friands de belles lectures, la plupars cherchaient à nouer des liens avec les autres ou encore à profiter de leur dernier moment de liberté. Tout dépendait du point de vu, naturellement. En voila une qui passera dans aucun problèmes ses B.U.S.E à coup sur. Elle répondit évasivement à la question posée un peu plus tôt :

- "Cela me prendra certainement beaucoup de temps en effet, mais je n'oublie pas ma tache première" dit-elle en tapotant son insigne.

Les études, elle en connaissait un bon rayon, et ce n'était pas un examen de routine qui allait chancher la donne. Après tout, sa mere c'était donné tant de mal à lui donner des cours particuliers pendant les vacances et Narcissa n'avait de cesse de demander des conseils pour rien du tout. Une véritable plaie qui troublait son esprit déjà hanté par les responsabilités de l'année qui allait suivre.

Tout à coup, elle vit à contre jour, à la porte du compartiment une frêle silhouette s'arrêter puis toquer.

- "Puis-je me joindre à vous ? A moins que vous n'attendiez des amis."

Petite taille, petite silhouette, petite voix, une première année à coup sur. Mince, qu'est ce qu'elle faisait ici celle là ? Les premières étaient censées se trouver dans la première voiture avec les autres.
Elle hésita un moment avant de prendre la désision seule de la faire entrer. Lorsqu'elle mit la main sur la poignée de la porte, elle se demanda si ce n'était pas plus correct de demander a sa compagne de voyage son avis, mais connaissant la bienséance de celle-ci, elle aurait dit oui c'était certain, ne serait-ce que pour paraittre polie.
Andromeda ouvrit la porte sur une toute jeune fille, à l'allure peu engageante un peu comme si une poupée de porcelaine tenait une valise deux fois trop grande pour elle.
"On dirait qu'on a le même genre de mère toi et moi." pensa-t-elle

Sans transition, elle amenna magiquement cette fois ci la valise énorme sur le porte bagage juste à côté de la sienne, autrement dis, il ne restait plus de place. Une raison de plus pour refuser le prochain qui se pointerait. Son geste était rapide et un peu hatif, elle était préssée et légèrement énervée car si elle était venue dans cette partie du train, c'était pour échapper au gamins comme elle mais à y bien regarder, il ne devrait pas y avoir trop de problème avec ce spécimen de jeune élève. Andromeda se rassit bien sagement, un léger sourire aux lèvres, elle sortie une friandise de sa poche - la seule qu'elle avait - puis tapota doucement le siège à sa gauche, le plus proche de la porte. Une invitation bien calme et posée accompagnée de petits mots mielleux :

- "Et bien assieds toi. je promets de ne pas te mordre."

Elya sourit intérieurement. Elle reconnaissait bien là une élève de la noble maison de Salazar Serpentard: ne faisant rien au hasard et respectant ses devoirs, quels qu'ils soient, avec une application toute caractéristique. Après tout, le statut de préfet ne devait pas être de tout repos, surtout avec les premières années fraichement introduit dans le monde de la magie. Elya ne comptait plus le nombre de fois où elle avait été dérangée par des élèves de son année ou de l'année inférieure lorsqu'elle était encore en deuxième. Et elle ne parlait pas de petits désagréments sans intérêt, loin de là.

Elya se souvenait très bien d'une fois où l'un de ses camarades de classe avait trouvé amusant d'enflammer les cheveux de la fille devant lui en cours de Sortilèges. Encore heureux que le Professeur Flitwick l'avait vu à temps et avait réussi à éteindre les petites flammes avant qu'elles ne se propagent sur la victime. L'élève en question avait écopé de 50 points en moins pour sa maison (Gryffondor ou Poufsouffle si ses souvenirs étaient exacts) et des heures de retenue avec Rusard pour le restant de l'année ainsi qu'un devoir de 50 centimètres sur l'utilisation dangereuse des sortilèges inflammables dans un cadre innaproprié. Autant dire que cet élève avait été remis à sa place. La jeune fille, elle, avait passé le reste de la semaine à l'infirmerie, en larmes et en état de choc.

Mais le temps n'était pas aux souvenirs, elle devait continuer de faire bonne figure. Quoi qu'avec Andromeda, la discussion s'engageait assez naturellement et, la Serpentard devait se l'avouer, ce n'était pas aussi difficile que de parler poliment à quelqu'un avec qui elle avait moins d'intérêt.

« Bien entendu, bien entendu, je ne me serais pas attendue à autre chose de la part de la préfète-en-chef de Poudlard. » dit-elle en repensant aux nombreuses fois où elle avait vu Andromeda faire son travail de préfète avec un sérieux déconcertant. « Après tout, être préfète ça doit être assez éprouvant. » rajouta-t-elle.

Elya se demanda un bref instant si elle-même ferait une bonne préfète. Certes, son sérieux et son application la mettait en bonne position pour peut-être l'être un jour mais elle aurait préféré éviter cette responsabilité. Le fait de devoir résoudre les petits problèmes existentiels de personnes plus jeunes qu'elle ne lui semblait pas quelque chose d'indispensable. Elle s'en serait même passé volontiers. Néanmoins, si elle recevait un badge l'été précédent sa cinquième année, elle ne rechignerait pas et essayerait comme d'habitude d'en tirer des avantages.

Deux coups à la porte du compartiment détachèrent son attention de la préfète-en-chef. Avant même de voir qui était cette nouvelle personne, Elya pensa que ce voyage avait le mérite d'être mouvementé comparé aux autres années. Pas qu'elle appréciait généralement la compagnie d'autrui - surtout lorsqu'elle devait se faire de nouvelles connaissances - mais elle devait avouer que le voyage en train était long et qu'elle ne s'y amusait qu'à de très rares occasions.

Quand Elya vit Andromeda lui jeter un coup d'œil en coin, elle fit un léger signe de tête en guise d'approbation. Elle avait été fort surprise de cette hésitation mais d'un côté, elle ne se serait pas permise de refuser quelqu'un dans son compartiment, d'autant plus qu'elle ne pouvait revendiquer l'appartenance d'aucun compartiment dans ce train.

Lorsque la préfète-en-chef ouvrit la porte, Elya ne put que catégoriser directement la jeune fille qui venait d'apparaître. Après une rapide analyse des pieds à la tête, la londonienne avait déjà accumulé beaucoup d'informations sur la nouvelle arrivante. Une première année, à coup sûr. Bien qu'elle devait reconnaître ne pas être grande pour son âge, Elya ne pouvait imaginer que cette voix enfantine appartenait à une jeune fille de plus de 11 ans. De plus, avec la réputation de leur maison qui leur collait inévitablement à la peau, peu d'élèves étudiant déjà à Poudlard se seraient aventurés de leur propre gré dans un compartiment composés de deux élèves de Serpentard. Mais apparemment, la jeune fille n'avait pas idée de ces rumeurs. Ou alors projetait-elle elle-même d'intégrer leur maison ?

Avec un sourire qui se voulait rassurant, Elya répondit:

« Nous n'attendons personne en particulier, entre, je t'en prie. » Puis elle s'interrompit. « En tout cas, pas pour moi. » rajouta-t-elle en jetant un regard à Andromeda qui, elle, s'attendait peut-être à ce que ses amis de septième année la rejoigne.

Elya n'en dit pas plus, elle préférait attendre la nouvelle prenne place pour faire plus ample connaissance.

"Mais je n'avais pas très envie de me retrouver avec d'autres 1^{ère année}, à vrai dire. Surtout si ce sont de futurs Gryffondors !"

Ha tiens ? une aversion pour les Gryffondor dès la première année, c'était rare de voir des élèves cataloguer les autres aussi tôt sauf bien sur pour ceux dont les valeurs de la famille étaient déjà toutes faite, un peu comme celle des Black. La demoiselle viendrait donc de l'une de ces familles et surement des ex-membres de Serpentard pour avoir un tel refus des rouge et or. Plutot petite, la pauvre fille devait se sentir bien complexée au milieu de la foule despremières années qu'il y avait sur le quai 9 ^3/4 . Elel s'assit néanmoins sans demander son reste, après une salutation polie mais peu assurée.

Elya ne sembla pas dérangée pour que cela par la nouvelle venue, au contraire, elle devait attendre qu'elle prenne la parole avant de la juger un peu comme le font toutes les filles dans son genre et c'est ce qui la rendait qui troublante aux yeux d'Andromeda qui n'aimerait pas mal se faire voir d'une telle élève. Mais en parlant en la nouvelle élève, celle-ci ne c'était même pas présentée, il fallait montrer l'exemple ;

- "Je m'appelle Andromeda Black, je suis en septième année à Serpentard."

Elle regarda par la suite dans la direction de Elya, attendant surement un signe quelconque de sa part mais juste à se moment là, un énorme bruit détona du compartiment voisin comme s'il y avait une véritable pluie de pierres.
Sans réflechir plus longtemps, elle sortie en vitesse, fracassant la porte d'un bruit assourdissant, en rogne. Si c'était quelqu'un qui s'amusait à lancer des sorts en dehors de Poudlard ca allait lui couter cher, foi de préfète et dans tout les cas, dérangée une de ses conversations était une chose peu appréciée. Dans le couloir se pavanaient trois jeunes gens à la file indienne avec en tête...impossible. Sirius, le petit cousin, l'ainé de sa tante.

-" Mais c'est pas vrai, mais c'est pas vrai !" hurla-t-telle, prête à exploser.

Il ne manquait plus que ça ! Elle n'aurait jamais du lui dire à propos du compartiment des Serpentard, pourquoi diable n'avait elle pas renifler le piège bien avant ? Peu importe maintenant, la bêtise avait été commise et bien sur c'était lui qui avait tout orchestré. Il n'allait pas s'en sortir à si bon compte, lui et ses camarades d'infortune.
Andromeda sorti sa baguette et chercha un sortilège inoffencif mais qui neutraliserait le garçon.

- "Locomotor mortis !"

Le cerveau d'Elya continua son analyse sur la jeune fille tandis que celle-ci s'asseyait devant elle. De toute évidence, ses parents lui avait inculqués une politesse proche de l'aristocratie et elle avait bien retenu ses leçons. La Serpentard elle-même avait été élevée de cette manière, sûrement à beaucoup de détails près. On lui avait appris à toujours rester droite, à toujours montrer son respect à autrui, principalement aux aînés, même si elle n'en avait que peu au plus profond de son esprit. Car, de toute évidence, la grosse différence entre Elya et cette jeune fille, c'était bien le mental. De l'extérieur, toutes deux semblaient sortie du même moule mais la londonienne doutait que leurs pensées soient similaires. Si l'on faisait bien attention, l'on pouvait déceler dans la voix de la jeune fille une envie d'être acceptée, ses nombreuses excuses étant un premier indice. L'on aurait vraiment dit qu'elle était désolée d'être là, une sorte de soumission passive si Elya pouvait se le permettre. Peut-être était-ce aussi de la timidité. Il fallait dire qu'elle-même n'aurait pas poussé le vice jusqu'à aller déranger des personnes qu'elle ne connaissait pas, plus âgées de surcroît.

Aux paroles de la jeune fille, Elya leva un sourcil cynique qu'elle fit passer pour de l'étonnement. Les parents de cette jeune fille avaient dû lui mettre dans la tête des préjugés envers les maisons depuis son plus jeune âge, elle en était sûre. Un peu comme l'avait fait ses propres parents, en somme. Cependant, la londonienne était assez censée que pour ne pas le crier sur tout les toits et, de plus, à des inconnus. Qu'aurait-elle à répondre si Elya avait eu des amis Gryffondor ? Pas qu'elle s'entendait particulièrement avec les élèves de cette maison mais elle devait reconnaître que chaque digne adhérent à la maison des rouge et or n'étaient pas tous des imbéciles. Il pouvait y avoir des exceptions, même parmi les premières années. Pour marquer le coup, Elya décida de remettre un peu cette jeune insolente à sa place tout en restant assez polie que pour que ses paroles passent pour une simple recommandation.

« Je ne crois pas qu'il est bon d'avoir des préjugés sur les maisons avant même d'avoir eu le fait sous les yeux. Après tout, être à Poudlard est déjà un privilège en soi, il ne faut pas l'oublier. Je t'assure qu'il n'y a pas que les Gryffondor qui se comportent de manière stupide, comme tout les gens simples d'esprit ne sont pas concentré dans cette seule et même maison. » dit Elya sur un ton qu'elle voulait poli mais qui faisait néanmoins bien passer le message. « Certains Serpentard de ma connaissance ne valent pas mieux que des moldus. »

Car Elya pouvait faire les commentaires qu'elle voulait, les moldus restait un sujet épineux pour elle. Des humains sans pouvoir magique, qui aurait pu penser que de tels êtres, aussi inutiles, étaient pourtant majoritaire sur terre et écrasaient les sorciers avec leur société à deux mornilles ? Comment avaient-ils survécus tout en étant aussi naïf ? Malgré les nombreux livres d'histoire et certains volumes spécifiquement réservés aux moldus qu'elle avait lu, Elya ne comprenait pas ce phénomène qui n'allait pourtant pas en diminuant. Ils pullulaient, littéralement, étalant leur stupidité de part leurs gestes, leurs actions, leurs paroles. Il avaient peur de ce qui leur était étranger et y répondaient par la violence. Il n'y avait qu'à voir tout ces massacres de sorciers et sorcières qui s'étaient produit lors du Moyen Âge. Après cela, il ne fallait pas s'étonner que certains sorciers extrémistes attentaient à leur vie. Si la magie était révélée au grand jour, Elya était sûre que ces sans-pouvoir feraient tout pour réduire la communauté sorcière en esclavage. Mais ça n'était pas près d'arriver. La londonienne pensa avec rage qu'il faudrait que quelqu'un, quelque part, les remette à leur juste place.

Chassant ses pensées malvenues de sa tête, et surtout après avoir entendu Andromeda le faire, Elya décida qu'il était temps de révéler à cette jeune gourde qui elle était.

« Mais il ne semble pas que nous ayons été présentées. » rajouta-t-elle alors que le silence commençait à se faire pesant.

Elya détestait ce genre de situation, vraiment, mais il fallait bien passer par là à un moment où un autre, histoire de faire bonne figure. Cette entrevue sur les maisons l'avait fortement agacée - après tout, ils n'étaient déjà que peu de sorciers, pourquoi faudrait-il qu'ils s'entretuent pour rendre la tâche plus facile ? - mais elle se lança néanmoins avec douceur:

« Elya Sullivan, troisième année à Serpentard. »

La londonienne s'apprêtait à repartir dans ses spéculations quand la jeune fille - encore inconnue au bataillon - se présenta lorsqu'un bruit sourd la fit sursauter violemment. Elle vit Andromeda se lever à toute vitesse et filer vers le couloir. L'entendant jeter un sortilège avec rage, Elya sortit d'un geste rapide et précis sa baguette de son sac et partit à sa suite. Elle ne fut même pas surprise de voir un tapis de glace maculer le sol et trois jeunes garçons - de première année, très certainement - déguerpir à toute vitesse tandis qu'un rire tonitruant lui vrillait les oreilles. Qu'est-ce que ces jeunots avaient manigancés ? De toute ses forces, Elya espéra ne pas retrouver l'un d'eux dans sa maison.