Après la répartition [Table de Poufsouffle]

Naevah regardait les élèves attendre pour passer sous le Choixpeau un à un. Étant préfète, elle s'était placée près des places vides réservées au futurs jaunes et noirs pour pouvoir leur souhaiter la bienvenue et sympathiser avec.

Elle se rappelait sa répartition avec nostalgie. Le Choixpeau l'avait automatiquement envoyée à Poufsouffle. Elle n'en avait pas été très étonnée : toute sa famille, ou presque, y avait été et en ils en étaient très fiers. Pour eux les valeurs de leur maison étaient très importante : loyauté et travail acharné, c'était les secrets du bonheur.

Deux élèves furent envoyés à Gryffondor, puis un à Serpentard quand, finalement, "POUFSOUFFLE" résonna dans la salle. Elle applaudit et siffla le nouvel arrivant, l'accueillant comme il était coutume. Le nouvel élève s'avança vers sa table et vint s'asseoir en face de Naevah.

« Bienvenue à Poufsouffle! » lui lança-t-elle.

Erwan était stressé, et de ça personne à des kilomètres à la ronde ne pouvait en douter. Il était sûr que les ondes d'angoisse que son corps produisait contre son gré étaient perceptibles au-delà même de l'Angleterre. Bien qu'il ait attendu ce moment avec impatience et ce depuis des années (et que Xander lui ait promis presque sous serment que ce n'était pas si terrible (il allait l'entendre, celui-là !)), le jeune écossais désirait plus que tout s'enfuir de la grande salle en courant et retourner auprès de sa famille, loin de toute cette tension et de tous ces regards avides. Même s'il devait avouer que tout ici était magnifique, il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie.

Mais Erwan prit sur lui. Après tout, la répartition ne devait pas être si terrible ça, il se faisait sûrement des idées. Il n'avait jamais entendu dans toute l'histoire de Poudlard que quelqu'un était mort d'une crise cardiaque avant même de s'asseoir sur le fameux tabouret qui trônait à quelques mètres de lui, si ? Mais après tout, il pouvait se tromper. Il n'était plus sûr de rien, maintenant qu'il y pensait. Après tout, le directeur Poudlard aurait tout fait pour étouffer l'affaire si une telle chose s'était produite, et jamais personne ne l'aurait su. Bon, c'était décidé, si quelqu'un avant lui s'évanouissait avant que lui-même ne passe, il prendrait ses jambes à son cou.

« McAllister, Erwan ! »

Le dénommé sursauta, violemment arraché à ses pensées. Quoi ? Déjà ? Déjà son tour ? C'était impossible, il devait rester des dizaines de premières années, alors pourquoi lui ? Merlin, pourquoi si tôt ? D'un pas chancelant, Erwan se dirigea vers le tabouret. Le parcourt, bien que de très courte durée, lui sembla durer des heures. Toutes ses pensées s'entrechoquaient pour former, au final, un maelström gigantesque. Et si le Choixpeau lui annonçait qu'aucune des maisons ne lui convenait ? Et s'il n'était doté d'aucun pouvoir magique particulier et qu'il était renvoyé chez lui ? Même s'il y avait songé quelques instants auparavant, c'était à l'opposé de tout ce qu'il voulait ! Allait-on le punir d'avoir eu de telles pensées ? Et depuis quand faisait-il si chaud dans cette salle ?

Mais il était trop tard pour reculer maintenant, Erwan était arrivé devant le tabouret. Cependant, il était tellement angoissé qu'il calcula mal la distance et shoota dedans, produisant alors un léger bruit suivit de quelques rires étouffés disséminés un peu partout dans la salle. Tout commençait bien. La sous-directrice lui mis alors le Choixpeau sur la tête et il entendit une légère voix s'élever.

« Tiens donc, un McAllister ! Je me souviens de ton frère, un jeune garçon fort dégourdit. Mais tu sembles bien différent... Mh... un esprit réfléchit, je vois... Un goût prononcé pour perturber l'ordre établi mais aussi beaucoup, beaucoup de loyauté. Pour toi, aucun doute possible, tu auras ta place à... POUFSOUFFLE ! »

Le Choixpeau fut retiré de la tête d'Erwan mais celui-ci était trop soulagé pour vraiment s'en rendre compte. Il se dirigea vers la table des jaune et noir d'un pas aérien, semblant avancer sur un petit nuage. Tout ses doutes s'étaient dissipés en un instant, Poudlard et le monde de la magie l'accueillaient à bras ouverts. Ce n'est que lorsque les applaudissements cessèrent qu'il remarqua qu'on lui adressait la parole. La jeune fille qui se tenait devant lui semblait beaucoup plus âgée que lui et, avisant son badge de préfète, il en conclu qu'elle devait en être déjà à sa cinquième année, au grand minimum.

« Merci beaucoup ! » lança-t-il avec un sourire allant de son oreille gauche et rejoignant son oreille droite sans peine. « Erwan McAllister, enchanté ! » dit-il en lui tendant la main. Puis il se reprit « Mais, tu dois t'en douter, en fait. » ajouta-t-il avec un sourire gêné étant donné que toute la grande salle avait entendu son nom quelques instant auparavant.

"POUFSOUFFLE!"

Sebastien courut, le visage cramoisi vers la table des jaunes et noirs. Il s'assit tout heureux d'avoir été répartit. Le stresse du début étant un peu partit, il profita pour un peu regarder autours de lui. Tout était magique! Il se mit à pianoter sur la table de bonheur sans s'en rendre compte. Il ne fit même plus attention à la suite de la répartition.
Il trouvait déjà merveilleux le fait de voir autant de bougies flottées dans les airs, alors il avait hâte de voir de vrai fantôme! Son père lui avait dit que c'était une des choses les plus amusantes à voir à Poudlard!

Il regarda un peu les autres têtes présent à la table des blaireaux et vit la jeune fille rousse. Il lui fit un rapide signe de main avant de retourner dans sa contemplation.

Le premier élève répartit à Poufsouffle se présenta à Naevah. Elle lui serra la main avec un peu trop d'enthousiasme et d'énergie, secouant le bras du garçon plus que recommandé par les règles de bienséance.

« Bienvenue à Poufsouffle! Je suis Naevah Ó'Muireadhaigh, mais tout le monde dit Murray : c'est plus simple, les gens ne savent pas le prononcer ou l'oublie sinon. Je suis préfète alors si tu as un problème ou quoi, n'hésite pas, je suis là pour ça. »

Puis elle se tue pour ne pas trop déranger les répartitions. Elle était préfète après tout, il fallait qu'elle montre l'exemple. Un second élève fut répartit à Poufsouffle. Naevah fit un énorme sourire et un grand signe de la main au garçon avec qui elle avait fait le voyage dans le Poudlard express. Il était assit un peu plus loin d'elle et il lui fallait parler plus fort que ses voisins de tables pour se faire entendre de Sebastien mais ça ne la gênait pas du tout. À vrai dire, elle ne se rendait même pas compte qu'elle pouvait déranger les gens autour qui tentaient de discuter tranquillement :

« C'est super que tu sois à Poufsouffle! Tu vas voir c'est une super maison! »

Lorsque la jeune fille lui serra la main avec vigueur, Erwan fut vraiment surpris. Il regarda un instant son bras bouger de sous l'effet de cette force et resta un très court instant silencieux en continuant de l'observer. Comment une jeune fille aussi petite pouvait avoir autant d'énergie ? Mais cela rassura Erwan quant au fait d'être arrivé dans une très bonne maison fort sympathique et tout ce qui lui restait de stress s'évanouit dans les airs. Arrachant son attention de son propre bras (après tout, maintenant qu'il avait fini d'être secoué comme un prunier, il n'avait pas plus d'intérêt que d'habitude) et sourit franchement à sa nouvelle connaissance.

« Merci beaucoup ! » remercia Erwan d'un ton un peu trop sonore et enthousiaste.

Alors que la jeune fille se présentait à son tour, l'attention du nouveau Poufsouffle se relâcha quelque peu. Ce n'était pas volontaire, bien évidemment, mais il était tellement soulagé que tous les détails qui lui avaient échappés durant son chemin vers le Choixpeau lui sautaient maintenant aux yeux. Le plafond magique de la grande salle montrait avec beaucoup de précision le ciel qui devait se trouver à l'extérieur des murs à l'instant même. Malgré le fait qu'il soit encore tôt pour que la nuit soit totalement installée, quelques étoiles commençaient déjà à poindre. Les bougies flottaient, tous les élèves portaient leur chapeau de sorcier, formant une marée noire partout où il regardait. Les professeurs étaient plus excentriques les uns que les autres et le directeur avait l'air d'être un sacré numéro. Il remarqua un professeur avec une grosse moustache se dandiner sur sa chaise et rit dans sa cape à cette vue si particulière.

Puis Erwan sursauta. Avec sa contemplation, il avait momentanément oublié qu'on lui parlait. Il se retourna subitement vers Naevah et tenta de faire une sourire d'excuse mais il ne parvenait pas à exprimer cette émotion. Il était tellement ébloui que tout lui semblait merveilleux, même son manque d'attention chronique. Ses yeux devaient sans doute être constitué de petites étoiles de bonheur.

Elle était préfète, c'était à retenir. Son frère aîné, qui venait de terminer ses études en tant que Gryffondor, lui avait souvent parlé des préfets. Selon lui, ils étaient aussi utiles qu'à éviter si on ne voulait pas s'attirer des ennuis. La plupart étaient sympathiques mais appréciait assez peu l'humour de la famille McAllister de perturber l'ordre en permanence.

Quand Naevah salua l'élève qui venait de se faire répartir - il n'avait d'ailleurs pas du tout écouté son nom, trop obnubilé dans sa contemplation -, Erwan lui décrocha un grand sourire et tendit sa main par dessus la table, même si l'élève en question était tout de même un peu loin que pour la lui serrer normalement et surtout discrètement. A moitié avachi sur la table, il lui adressa un sourire radieux, le coude dans une assiette dorée.

« Erwan McAllister, enchanté ! Bienvenu à Poufsouffle ! » s'exclama-t-il avec bonheur comme s'il connaissait sa maison depuis des années. « C'est avec toi que je vais devoir partager mon dortoir ? Tu verras, on va bien s'amuser ! » ajouta-t-il avec de lancer un clin d'oeil au garçon.

Sebastien serra timidement la main de l'autre garçon. Ils étaient vraiment tous aussi extravagant à Poufsouffle?

"Sebastien Lhothaire…. Je pense bien qu'on sera ensemble dans les dortoirs! J'espère aussi qu'on va bien s'amuser!"

La cérémonie se termina assez vite, sans même qu'il ne s'en rende compte. Il était encore trop occupé à regarder à gauche et à droite, son nouvel environnement. Ouais, ça allait être bien!

Il eut un léger sursaut quand les plats apparurent sur la table. Ses lèvres s'étirèrent en un grand sourire… Ca avait l'air tellement bon! Il était tellement heureux qu'il en oublia sa timidité maladive pour annoncer très sérieusement à Erwan:

"Mais attention, je ronfle… Et j'ai très faim!"

Sans un mot de place, il se servit dans divers plat, les yeux emplis d'étoile. En parcourant la table du regard, il tomba sur la cerise sur le gâteau… Son plat préféré… Juste en face d'Erwan.

"Erwan… Serrais tu me passer le plat de crêpes s'il te plait?"

Il sentait qu'il allait vite s'habituer à Poudlard!

« Compte sur moi pour mettre de l'ambiance, ça va démonter du strangulot à la crinière de licorne des Carpates, foi de McAllister ! »

Erwan lâcha la main du dénommé Sebastien - après l'avoir tout de même fortement agitée à cause de son état d'hyperactivité du moment - et brandit son pouce en clignant d'un œil, signalant par ce geste sa promesse de mettre régulièrement le boxon.

Ce n'est que lorsqu'une douce odeur lui emplit les narines qu'Erwan remarqua le changement d'ambiance: le calme et les applaudissements périodiques avaient disparus pour laisser place au doux et mélodieux tintement des fourchettes et aux conversations - quelques fois animées - des élèves. Le Poufsouffle se dit qu'il avait dû loupé quelque chose - comme le discourt du directeur par exemple - mais était trop affamé pour vraiment s'en soucier.

Quand Erwan entendit le commentaire de Sebastien sur le fait qu'il ronfle, il éclata de rire et le peu pression qui lui pesait encore sur les épaules s'évapora dans les airs. Il se sentait vraiment comme chez lui et il avait de toute évidence un chouette camarade de chambre avec qui il allait pouvoir faire les quatre cent coups. C'était parfait. Le rouquin prit ensuite une cruche de jus de citron - et non pas de citrouille car le seul vrai jus de citrouille était celui que sa maman lui préparait chaque dimanche matin et il refusait d'en goûter un autre à un autre moment de la semaine - non loin de lui et en servit un grand verre à Sebastien sans lui demander son avis avant de remplir son propre récipient.

« Alors on fait la paire ! Moi je parle en dormant et je fais toujours des rêves folkloriques, c'est les autres du dortoir qui vont être contents ! » avoua Erwan avec un grand sourire.

Puis, leurs yeux s'illuminèrent à l'unisson. Erwan venait d'apercevoir une grosse pile de steak bien saignant qui attendaient mollement qu'on les dévore avec appétit à quelques centimètres du coude du brun. Poussant d'une fesse le première année à côté de lui pour se mettre plus en face de Sebastien, l'écossais lui passa le plat de crêpe et en profita pour s'en servir une qu'il garnit avec un steak. Certes, le mélange était douteux mais Erwan aimait les crêpes, et Erwan aimait le steak, alors pourquoi n'aimerait-il pas le mélange des deux ?

« Bon appétit, mon p'tit Seby ! - Nan, c'est moche, c'était pour la rime... Ça te dérange si je t'appelle Seb ? Paaarfait ! - Et à Poufousouffle ! » s'exclama Erwan en engouffrant un gros morceau de viande dans sa bouche pour ponctuer sa phrase.

Il le mâcha avec bonheur, laissant son esprit divaguer avec ses coups de mâchoire. Vu la quantité de crêpes que Sebastien avait mis dans son assiette, Erwan se dit qu'ils devaient sûrement avoir un estomac aussi développé l'un que l'autre. C'est alors qu'une chose lui vint à l'esprit et il ne se gêna pas pour en faire profiter son collègue de maison.


« Erf ! » tenta d'articuler Erwan à travers deux grosses bouchées de steak. « Onfhère 'adhi qfeuh les cuishines étftaient pfrès de la falle 'ommune... »

Puis il avala sa viande et continua sa phrase:

« ... des Poufsouffles ! »

Il ne savait pas vraiment si le jeune garçon l'avait compris mais il avait tellement l'habitude de parler de cette manière avec ses trois frères et qu'ils se comprennent entre eux que le fait que Sebastien soit quelqu'un qu'il ait rencontré il y avait à peine quelques minutes ne lui vint pas à l'esprit. Le jeune homme lui paraissait si sympathique qu'il avait l'impression de le connaître depuis longtemps alors qu'au final il ne connaissait que son nom et son plat préféré... mais c'était déjà pas mal !